Trisomie 21 : le diagnostic, la descente ...
J'entame aujourd'hui une série de billets pour retracer le chemin parcouru depuis le 10 mai dernier, jour de l'échographie du 1er trimestre. C'est à cette occasion que les premiers soupçons de trisomie sont apparus - si on exclut une espèce d'angoisse latente liée à mon âge : me découvrir enceinte à 41 ans 3/4 s'était accompagné immédiatement d'un sentiment flou d'inquiétude.
J'ai traversé des montagnes russes d'émotions. Ou pour être plus exacte, j'ai descendu l'un de ces toboggans géants à vagues : parfois la descente ralentit un peu, puis s'accélère de nouveau, mais quoi qu'il advienne, ça descend, ça descend ...
Pour être sûre de retranscrire de façon fidèle ce que j'ai ressenti, je vais publier les mails de nouvelles que j'ai adressés à ma famille au fil des examens et des longues attentes de résultats :
Le 24 mai :
Bonjour à tous,
Certains d’entre vous ont eu des nouvelles un peu récentes, d’autres pas …
Le 10 mai, nous avons passé la première échographie officielle, celle qui donne lieu à tout un tas de prises de mesures pour dater avec précision la grossesse (pas de surprise de ce côté-là), pour vérifier que la croissance est normale pour le terme (2 bras, 2 jambes, un nez, des oreilles minuscules …) et surtout pour établir une mesure du risque de Trisomie 21, via ce qu’on appelle la clarté nucale.
C’est là que les choses se corsent pour nous : cette mesure est trop élevée par rapport à la norme, ce qui, combiné avec mon âge nous donne 2 facteurs de risque cumulés.
Nous avons donc procédé il y a une dizaine de jours à un autre examen, sanguin cette fois-ci, qui lui aussi établit une évaluation du risque en mesurant des marqueurs dans le sang maternel. Je ne sais pas exactement comment se calcule ce taux, mais ce que je sais , c’est qu’il est donné sous la forme d’un rapport de 1/x, et que plus x est élevé, mois le risque est fort, plus x est faible, et plus c’est mauvais signe. Le seuil critique se situe à 1/250 : au-delà on considère que le risque est vraiment faible et on ne procède en général pas à des examens complémentaires (qui peuvent éventuellement être dangereux pour le bébé), en dessous il est recommandé d’approfondir.
La sage-femme m’a appelée hier soir tard (Olive était rentré et les enfants couchés) pour me dire que le labo lui avait téléphoné les résultats avant de les envoyer : notre taux est de 1/10.
Nous entrons donc dans une nouvelle phase, celle d’une grossesse dite pathologique. La sage-femme ne peut plus me suivre (pour des questions de compétences et de responsabilité professionnelle) et nous oriente donc vers l’hôpital pour un nouvel examen : cette fois-ci il ne s’agit plus d’estimer le risque mais bel et bien d’établir un caryotype pour avoir une réponse sans ambiguïté. Je ne sais pas quand je vais pouvoir obtenir un RV ni combien de temps prendra cet examen, probablement quelques longues semaines d’attente encore.
Pour tout vous dire, je n’ai plus vraiment d’espoir que tout aille bien, et Olive et moi nous préparons péniblement à l’idée que nous allons sans doute accueillir un enfant « différent ».
Nous allons avoir besoin de tout votre soutien, vos pensées positives, vos prières, pour les semaines d’attente et probablement pour la suite.
Le 27 mai :
Bon, les dés sont jetés : le prélèvement pour le test de dépistage non invasif a été fait ce matin. Le labo était à moitié perdu, ils n’avaient jamais réalisé cet examen à ce jour.
Réponse sous 8 jours environ, la sage-femme m’a déjà prévenue que parfois les résultats se perdaient entre les services dans l’hôpital, pour que je ne panique pas si je n’ai pas de nouvelles tout de suite.
C’est le moment d’activer les pensées positives, les bonnes ondes, les doigts croisés et les prières – chacun selon ses convictions, nous prenons tout !
Nous avons rendez-vous courant Juin pour une échographie morphologique précoce, et début Juillet pour une échographie cardiaque fœtale, en complément du dépistage génétique.
Je me fais doucement une raison …
Evidemment, mon téléphone a rendu l’âme ce matin, or c’est le seul moyen qu’ont les différents intervenants pour me joindre. Je cours ce soir pour essayer de trouver une solution : réparation ou remplacement, il faut que je reparte de là avec un téléphone qui fonctionne.
Le 7 juin :
Bonjour à tous !
Appel de la sage-femme à midi : elle n’a toujours pas reçu nos résultats. Elle a téléphoné au labo, ils sont débordés et ne parviennent pas à tenir le délai normal. Il faut donc patienter encore quelques jours. Elle a demandé à recevoir les résultats par fax pour gagner le délai de la Poste.
L’attente est rude, mais je veux croire que tout ira bien.
Le 13 juin :
Bonjour à tous,
L’hôpital vient d’appeler : le DPNI est positif à la trisomie 21.
Nous ne savons pas si c’est une fille ou un garçon, mais il ou elle s’appellera Gabriel(le).
Maintenant il faut prier pour qu’il n’y ai pas de malformation associée au handicap, et pour que nous trouvions au jour le jour la force d’avancer.
Un toboggan d'émotions, donc, de mauvais résultats en résultats encore pires, la lueur d'espoir qui s'amoindrit avec le temps. Je me rends compte en relisant mes mails que j'étais très factuelle, mais pendant cette période, j'ai dû verser des hectolitres de larmes, le jour, la nuit, au bureau, seule au volant de ma voiture ou dans les bras de mon Olivier, au téléphone avec mes proches. Je me suis réveillée en larmes au milieu de cauchemars, j'ai pleuré pendant mes insomnies, pleuré en essayant de ne rien laisser paraître devant les crapauds à qui nous n'avions encore rien dit ... Étonnant que je ne sois pas morte toute desséchée !
Après la longue descente, le 13 juin a été comme un coup de grâce, le coup de massue final. Je me suis demandée comment je pourrais un jour me relever, et me voilà moins de 2 mois plus tard, sereine et confiante en l'avenir. Je n'ai pas versé une seule larme depuis début Juillet ! Comment est-ce possible ? La suite dans un prochain billet !